Mademoiselle Jaïre, de Michel de Ghelderode
Dans une ville de Flandre d'où la mer se retira et qui
semble maintenant encore vivre ses heures anciennes. Le Mystère se développe
dans l'espace de trois saisons, de l'automne au printemps, et dans une
maison de la paroisse Saint-Jacques, qui existe toujours. Les personnages
sont coloriés, ainsi qu'on peut les retrouver au hasard dans les miniatures
d'époque bourguignonne. Certains portent turban ou gardent des éléments
d'orientalisme dans leur costume : c'était courant dans ce port, du monde
occidental le premier.
Pourtant ces personnages ne ressortissent pas uniquement à leur âge aboli :
ils peuvent paraître inventés, mais leurs voix trahissent des modulations
qu'on percevrait en nos jours d'écoute aiguë. C'est à la recherche de ces
timbres que l'auteur de ce Mystère s'appliqua. Il pense être arrivé à
enregistrer certaines résonances curieuses des âmes, souci qui situe son jeu
hors des époques convenues et dans le silence pur. Du moins le croit-il au
fond de sa solitude, c'est-à-dire, loin des tréteaux...